L’épopée de Jeanne, fille de pauvres paysans, est si fulgurante, sa transformation si rapide qu’elle a souvent suscité l’incrédulité. Plusieurs explications raisonnables peuvent être données quant à ses origines, et aux tenants et aboutissants de sa mission au service de la Maison de France et d’Orléans.
La plus plausible, bien que réfutée par les universitaires, qui apprécient peu, retranchés derrière des « véracités » historiques pas forcément vérifiées, les remises en cause, même de dogmes parfois désuets, est la filiation royale de Jeanne. En effet, de nombreux indices, ou absence de documents (actes paroissial de naissance notamment), permettent de penser qu’Isabeau de Bavière, épouse délaissée de Charles VI après sa folie, et maîtresse notoire du duc d’Orléans, son beau-frère, serait la véritable mère de la pucelle, nommée précisément d’Orléans avant même qu’elle ne s’en aille délivrer cette bonne ville des soldats anglais.
Les frasques amoureuses du couple sulfureux formé par Isabeau et Louis étaient connues de tous et dénoncées par les prêcheurs, tel celui de Saint-Denis qui déclarait qu’ils étaient un objet de scandale pour la France et une fable pour les nations étrangères. De son côté, Jacques Legrand, autre prédicateur, lançait en chaire à Isabeau : Dame Vénus règne seule à votre cour, l’ivresse et la débauche lui font cortège.
Tout d’abord nommé officiellement Philippe et déclaré mort sitôt sa naissance (le 10 novembre 1407) Jeanne serait l’enfant de cette reine féconde. C’est l’historien Villaret qui, le premier, après vérification de documents que nous ne possédons plus, nomme Jeanne ce rejeton unissant en lui la Maison de France et le duché d’Orléans (dans l’édition de 1770 de son Histoire de France). On a substitué à la petite-fille en bonne santé, un bébé mâle mort-né afin d’éviter une vengeance du roi- qui a parfois des accès de lucidité – ou de la maison de Bourgogne.
Toutes les versions s’accordent ensuite pour dire que c’est la famille d’Arc qui éleva l’enfant. Mais la réalité diffère de la légende : Jacques d’Arc, le père présumé, n’est pas un pauvre paysan tenu d’envoyer sa fille aux champs pour survivre. Il est au contraire un notable, syndic de Domrémy, régisseur de plusieurs châteaux dont celui de Bourlémont, où il demeure avec sa famille.
Si Jeanne se rend dans la forêt toute proche où ses voix se feront entendre, ce n’est pas pour garder des moutons en filant sa quenouille.
Une famille de notables
La mère officielle de Jeanne, Isabelle Romée n’était pas non plus une humble paysanne mais une dame très cultivée pour son époque, appartenant au Tiers Ordre des Franciscains (formé de Laïcs) son nom de Romée lui vient du pèlerinage qu’elle effectua dans la ville sainte.
Il existe des liens entre la Maison royale de France et les d’Arc : plusieurs membres de cette famille avaient servi ou servaient encore, la Maison de France. Raoul et Guillaume d’Arque furent chambellans à la cour de Charles VI tandis qu’une Jeanne d’Arc (première du nom) était dame de compagnie d’Isabeau. Cette Jeanne a pu donc assister aux couches de la reine, et trouver aisément une famille d’accueil au nourrisson. Quel meilleur refuge, en effet, pour le nouveau-né, qu’une contrée hors du territoire français ?
En ce qui concerne les voix entendues dans la forêt voisine, on retiendra qu’il est douteux qu’une famille responsable et digne comme celle des Arcs ait laissé une jeune fille seule dans un lieu sans surveillance.
En réalité, selon le Chevalier Bernard de Poulengy qui accompagna Jeanne à Vaucouleurs puis Chinon, dans ce lieu nommé Bois Chenu (nom provenant du mot chêne) se trouvait une chapelle fréquentée par des dames qui enseignèrent à Jeanne aussi bien le français (que l’on ne parlait pas à Domrémy où l’on utilisait un patois lorrain) que l’art de la cavalerie et du maniement des armes. Par la suite, elles lui révélèrent les secrets de sa naissance puis l’initièrent à sa mission future
Source : Actualité de l’Histoire mystérieuse
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