On rencontre souvent dans les forêts, ces bandes de singes endormis : ils sont si étroitement enlacés, la queue pendante, que c’est seulement en comptant les queues qu’il est possible de savoir combien ils sont. Il suffit de crier en tournant autour d’eux pour les éveiller. On voit alors la masse compacte des dormeurs exploser littéralement et s’éparpiller en quelques secondes.
Ces bandes de singes passent de longues journées dans la forêt, sans se soucier les unes des autres, sauf si elles se rencontrent sur le même arbre. Dans ce cas-là elles se disputent âprement le butin. Les cercopithèques s’accrochent parfois en enroulant leur longue queue autour des branches, mais tout en leur rendant grand service en l’occurrence, leur queue n’est pas préhensile, comme chez les singes américains.
Les cercopithèques n’ont pas peur de l’eau. Ils sont au contraire d’excellents nageurs et il n’est pas rate de les voir traverser fleuves et torrents par bandes entières. En outre, dans les zones à mangroves, on peut en voir chercher crabes et mollusques sur les plages. Ils s’aventurent dans l’eau au point de se tromper complètement, puis ils ressortent et s’ébrouent comme des chiens.
En liberté, les cercopithèques n’ont guère de motif de craindre les fauves. Leur surprenante agilité leur permet généralement d’échapper aux quadrupèdes carnassiers, bien que la panthère sache parfois les surprendre. En revanche, ils ont tout à craindre des oiseaux rapaces. L’aigle-mangeur-de-singes qui fréquente ces régions,est un de leurs plus dangereux ennemi. L’enlèvement des singes est, comme son nom l’indique, sa grande spécialité. Dans ce but, il survole avec lenteur la cime des grands arbres de la forêt, tel l’albatros planant au-dessus des vagues. Distingue-t-il une quelconque agitation dans le feuillage, qu’il se laisse tomber sur la malheureuse bête qu’il emprisonne aussitôt dans ses serres. Naturellement le singe se cramponne de toutes ses forces aux branches, mais les serres de l’aigle sont si longues et si acérées qu’elles transpercent de part en part le petit corps, rapidement secoué par les tressaillements de l’agonie. Il arrive que d’autres singes s’élancent au secours de leur congénère, mais ils ne peuvent que demeurer impuissants face au bec et aux serres du redoutable rapace. On rencontre les aigles-mangeurs-de-singes en forêt amazonienne, en Afrique et en Asie. Il en existe même une espèce aux Philippines. Ils se caractérisent par une huppe érectile sur la tête. L’un d’entre eux, l’aigle harpi d’Amérique est doté des serres les plus formidables jamais rencontrées parmi tous les oiseaux de proie.
La période de reproduction des cercopithèques en liberté, ne correspond pas à une saison déterminée de l’année. Dans les groupes qu’ils composent, on remarque toujours quantité de nourrissions, entourés, d’ailleurs d’autres jeunes singes déjà émancipés de la surveillance maternelle. Bien soignés et bien surveillés, ces singes se reproduisent en captivité, mais mois fréquemment que les macaques ou les cynocéphales
Voici qu’un explorateur, doublé d’un zoologiste écrit à leur propos : « Pendant mon séjour en Afrique, séjour qui dura plusieurs années, j’eus sous ma garde de nombreux singes et, parmi eux, quantité de cercopithèques. J’eus donc l’occasion de remarquer que chacun d’eux possédait un caractère bien déterminé, méritant donc, à lui tout seul, une étude particulière.
Lors d’un de mes voyages en bateau, des Africains me proposèrent cinq cercopithèques capturés depuis peu. Le prix demandé était si bas que j’acceptais sur-le-champ, espérant que ces singes se révèleraient de joyeux compagnons de voyage. Il n’en fut rien ; les malheureux quadrumanes restaient obstinément assis dans un coin de la barque, blottis les uns contre les autres, le visage enfoui entre leurs mains, comme des humais absorbés dans d’affreuses pensées. Ils refusaient énergiquement toute nourriture et se contentaient, de temps à autre, de lâcher un son guttural qui exprimait vraisemblablement la tristesse de leur sort. Une nuit, je crus entendre un bruit bizarre.
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