jeudi 8 septembre 2011

Jeanne d'Arc : La naissance symbolique

Le royaume de France prend naissance avec le sacre de Clovis et risque, au quinzième siècle de se terminer avec la débilité de Charles VI. Mais, tel le jeune François d’Assise s’élevant en son temps contre la décadence de la chrétienté, Jeanne d’Arc se dresse contre l’anéantissement du royaume chrétien de France. Un lien invisible réunit ces deux personnages. L’Ordre des Franciscains a participé à, sinon préparé intégralement, l’épopée fulgurante de la jeune Lorraine.
Prédestinée par sa naissance et prédisposée par un tempérament exceptionnel, jeanne a été instruite et soutenue par ceux qui étaient alors les seuls à défendre la légitimité du royaume de France contre tout autre parti politique ou militaire visant à le détruire. La symbolique de l’histoire de Jeanne le confirme. La biographie officielle de Jeanne la fait naître à Domrémy le 6 janvier 1412, jour de l’Epiphanie. Une date controversée, mais essentielle pour la compréhension de son intervention auprès de Charles VII.
Ce n’est pas par un pur hasard que se trouvent réunis Domrémy et Epiphanie ; les deux noms font référence à la fois à saint Rémy et aux Rois Mages, à l’évêque de Reims et à Clovis. Ce roi Franc, vainqueur des Alamans à Tolbiac, accepta, sous la houlette de saint Rémy, de se convertir au catholicisme.
C’est après son baptême qu’il reçut la couronne royale et devint le premier roi de France. Désormais, tous ses successeurs seront d’abord couronnés rois, puis sacrés et oints (par un évêque), sous l’œil de Dieu, dans la cathédrale de Reims.
Le choix du jour de la naissance officielle de Jeanne confirme l’importance qu’a le sacre pour la Maison de France, et sa légitimité contre toute usurpation qu’elle soit bourguignonne ou d’origine anglaise.

Des Rois mages aux Rois de France
La fête de l’Epiphanie (6 janvier) commémore l’apparition de la divinité à des mages encore païens, qui décident après cette vision d’aller adorer le Seigneur nouveau-né à Bethléem (selon les Evangiles) Devenus rois (dans les textes des pères de l’Eglise) à la suite de cette démarche mystique, les mages préfigurent ainsi les rois des dynasties de France. Le testament de Rémy précise que les rois de France doivent respecter à la foi la pratique religieuse (fidélité au sacrement reçu à Reims) et protéger le peuple, selon le texte évangélique :   Ce que vous faites à l’un de ces petits, c’est à moi que vous le faites. 
Naturellement, ces rois doivent aussi obéissance au souverain pontife.
Il faut savoir qu’au moyen âge, on ne nommait pas le jour du mois par son chiffre comme nous le faisons aujourd’hui mais par la fête qui lui correspondait. C’est ainsi qu’un évènement pouvait avoir lieu le jour de la saint Marcel ou de la Toussaint, de la sainte Catherine ou de la saint François. Cette manière de marquer le temps donnait naturellement une signification symbolique ou spirituelle aux événements.
On conçoit donc l’importance qu’il y avait de faire naître Jeanne un jour aussi heureux et porteur d’espoir que celui de l’Epiphanie. A son seul énoncé, chacun comprenait l’importance de cette nativité puisque cette date correspondait à l’aube de toutes les promesses, de tous les espoirs, depuis ce jour où des rois mages écoutèrent un ange et suivirent une étoile.
Jeanne suivait un chemin identique et obéissait aux commandements divins de ses voix. A contrario on comprend aussi pourquoi, se ressaisissant après son exécution,  l’Eglise jugea urgent de réhabiliter officiellement la Pucelle d’Orléans.

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