dimanche 21 août 2011

Traditions - Du solstice païen au Noël chrétien (2)


Du Dieu-Soleil à l’Enfant-Dieu
Les évêques imaginèrent donc de fixer la fête de la naissance de Celui qui est le soleil spirituel du monde, le soleil de la justice (ce sont les expressions employées par les Pères de l’Eglise) à l’époque même où les Gentils fêtaient la naissance de leur dieu Soleil. Dans les églises d’Occident la fête de Noël fut fixée au 25 décembre, dans les églises d’Orient au 6 janvier, jour de la naissance d’Osiris. A quelle date cette fixation eut-elle lieu ? On l’ignore ; selon des historiens, il faudrait l’attribuer au pape Jules 1er, mort en 377.
Cette récupération ne se fit pas sans protestations. Aux manichéens qui reprochaient aux catholiques de célébrer des fêtes païennes, saint Augustin (qui avait été des leurs avant de se convertir) répliquait : nous solennisons ce jour non comme les infidèles à cause du soleil, mais à cause de Celui qui fait le soleil !
Et c’est ainsi que, seize siècles après saint Augustin, on célèbre à travers la naissance de Jésus-Christ une survivance païenne. Naissance toute symbolique, car jamais les Pères de l’Eglise n’ont prétendu que  le 25 décembre était effectivement le jour de naissance du Christ (ou que le 24 juin était celui de saint Jean le Baptiste) Il n’y avait point d’état-civil dans l’Antiquité. Lorsque Auguste ordonna le recensement, c’était pour compter les habitants ; il n’exigeait pas que soit notée la date de naissances.
Plus tard, lorsque les chrétiens voulurent élever à la dignité de saint un personnage qui s’était distingué, de son vivant, par ses vertus et ses bienfaits, ils lui choisirent comme jour de fête celui de sa mort : c’était la seule date précise de son existence sur laquelle ils avaient des données. Idem  pour Jésus-Christ. Nulle part dans les Evangiles, n’est révélé une date précise de naissance. Cette lacune n’empêchera pas de voir, cette fin d’année encore, en souvenir des anniversaires d’Osiris et de Mithra, et de traditions millénaires, la neige tomber sur Bethléem, une neige délicieusement anachronique, tant sur un plan météorologique que chronologique.

Le bœuf de l’étable est-il celui de Mithra ?
Autre anachronisme, le bœuf qui réchauffe le nouveau-né de son souffle. La Palestine n’a jamais été un pays d’élevage pour les bovins qui supportent mal son climat. Or, il n’a jamais été précisé que ce bœuf  ce que ce bœuf faisait dans la crèche. A-t-il été placé là, pour faire pendant à l’âne (qui lui, tiré par Joseph, portait Marie) par des évêques occidentaux, pour lesquels il ne pouvait se concevoir d’étable sans vache ?
Ou ce bœuf incarne-t-il symboliquement, tous ces bœufs immolés par les païens auxquels fait allusion saint Grégoire le Grand, et désormais rendus à des activités plus champêtres grâce à la nouvelle religion, moins barbare. A moins qu’il ne s’agisse d’une allusion, omise depuis, au culte de Mithra et à ses sanglantes mises à mort de taureaux, culte dont la fête la plus importante était justement celle du solstice d’hiver le 25 décembre.
Ce taureau, ou ce bœuf, qui par le souffle, transmet sa chaleur, donc sa force à l’enfant dieu est peut être aussi celui des Celtes, cet animal lunaire qui accompagnait la Déesse-Mère et symbolisait la fécondité, la force de la nature. Il peut être aussi Osiris, qui fut parfois représenté par un taureau.
Chez les Celtes, le taureau incarnait la force vitale, celle qui anime le bras du guerrier, chez les anciens Egyptiens, la force  fécondante, celle qui aide Osiris à renaître, comme les crues du Nil font renaître la terre...
Les « créateurs » du christianisme auraient-ils donc emprunté le taureau/bœuf aux traditions païennes, l’auraient-ils récupéré pour un faire un paisible et chaleureux gardien du sommeil de l’enfant Jésus ? Si tel a été le cas, c’est que les adeptes de saint Grégoire le Grand (540-604) surent appliquer la leçon de ce pape qui se disait « serviteur des serviteurs de Dieu », et auquel on doit les réformes « grégoriennes » des clercs et du chant d’église : n’abattez pas les temples, mais seulement les idoles qui y sont...

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