dimanche 21 août 2011

Traditions - Du solstice païen au Noël chrétien (1)


Du solstice païen au Noël chrétien
Par Gabriel  Lechevallier
Actualité de l’histoire mystérieuse page  143

Il n’y a pas de rite plus païen que celui de « la » Noël. Et il n’y a pas non plus de fête plus chrétienne. Comment l’Eglise décida-t-elle de « récupérer » cette tradition qui doit remonter très loin dans le temps, quand les hommes, du seuil de leurs cavernes ou de leurs huttes, levèrent la tête pour regarder le ciel et y lire les saisons ? Après les Feux et les Herbes de la Saint-Jean, du solstice d’été, les bûches de Noël, au solstice d’hiver.

Au XIXe siècle, en France, on pouvait encore retrouver des survivances des rites d’avant le christianisme pour célébrer le solstice d’hiver. Dans les Deux-Sèvres, les paysans répandaient de l’eau et du sel sur la bûche de Noël, ce pendant des fagots empilés pour les feux de la Saint-Jean. L’été on fait flamber les branches, l’hiver on brûle le tronc.
Dans le Midi, on arrosait la bûche avec du vin et de l’huile : pendant que l’on était à table, le calignou, ou calendeau, c’est-à-dire la bûche des calendes, après avoir été allumée par le plus âgé de la famille, brûlait dans la cheminée. C’était une grande bûche de chêne qu’on avait  placé en criant : calene ven, tou ben ven (Calende vient, tout va bien).
A Toulon, la bûche était un vieux tronc d’olivier, séché et conservé toute l’année, et couronné de laurier. Une fois qu’on y avait mis le feu, le plus jeune enfant de l’assistance bénissait la bûche en l’arrosant de vin cuit. Le crépitement qui s’ensuivait donnait le signal des cantiques de Noël que tous entonnaient jusqu’à l’heure de la messe (Selon l’Illustration du 27 décembre 1945)

Des croix sur des menhirs

Pratiques folkloriques qui s’apparentaient davantage à des vestiges d’une religion du soleil qu’à des pratiques chrétiennes. Mais l’Eglise, qui, en ses débuts, avait eu à lutter contre les cultes d’Osiris et de Mithra, avait depuis longtemps compris qu’au lieu de proscrire les cultes païens, il valait mieux se les approprier, à condition qu’ils ne portent aucune atteinte à ses dogmes et traditions. Ainsi, en Gaule, comme en Irlande, préféra-t-elle, plutôt que de les faire abattre, sanctifier certains monuments mégalithiques en les surmontant d’une croix.
Dès que le christianisme ne fut plus persécuté par les empereurs romains, les évêques et archevêque s’installèrent dans les circonscriptions diocésaines (Il s’agissait alors de zones administratives) établies par Dioclétien (245-313), aux côtés de gouverneurs de province, et conservèrent les rites considérés comme païens (avec éventuellement l’arrière-pensée de les modifier plus tard) afin de ne pas heurter leurs nouveaux fidèles.
J’ai pensé, écrit à un « missionnaire » saint Grégoire le Grand, au VIe siècle, qu’il faut abattre non pas les temples, mais seulement les idoles qui y sont. Il faut faire de l’eau bénite, en arroser les sanctuaires païens, dresser des autels et y mettre des reliques : car si les temples sont bien bâtis, il faut les faire passer du culte des démons au service du vrai Dieu. Il démontre ensuite que les indigènes, voyant que l’on conserve leurs lieux de culte, continueront à y venir volontiers, et parce qu’ils ont l’habitude de tuer beaucoup de bœufs en sacrifiant aux démons, il faut leur établir des solennités à propos de la dédicace des églises ou des fêtes des martyrs. Qu’ils fassent des feuillages autour des temples changés en églises et qu’ils célèbrent la fête par des repas modestes. Au lieu d’immoler des animaux au démon, qu’ils les tuent pour les manger et rendent grâce à Dieu qui les rassasie, afin que leur laissant quelques réjouissances sensibles on puisse leur insinuer plus aisément les joies intérieures, car il est impossible d’ôter à des esprits durs toutes leurs coutumes en même temps. on ne monte point à un lieu haut en sautant, on s’y élève pas à pas.
Belle leçon d’opportunisme religieux !

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