lundi 29 août 2011

Histoire des Bourguignons 4


IV
Gondebaud mourut en l'an 516, après avoir vu son royaume fleurirent en laisse ou son sage gouvernement. Il avait fait couronner roi, à Genève, son fils aîné Sigismond, le même qui avait épousé la nièce de Théodoric, roi d'Italie ( 1). Gondebaud avait encore un autre fils, auquel il n'accorda rien dans le partage de son royaume, faisant ainsi un acte d'autorité privée pour le bien de son peuple, contrairement aux usages de sa nation.
Ce principe d'hérédité ainsi proclamée en faveur de son fils aîné, montre la sagesse de ses vues. Le royaume entre les mains d'un seul roi n'était pas livré à l'ambition de ses frères, ce qui prévenait bien des guerres et des malheurs pour les populations, témoin le partage de la France par les fils de Clovis, qui amena le morcellement de son royaume en quatre Etats ennemis.
Sigismond était catholique ; c'était un prince se fait bleu, sans énergie, sans vigueur dans les conseils dans l'exécution. Il avait eu de la nièce du roi Théodoric un fils nommé Sigéric. À la mort de cette princesse, il prit une autre femme d'une basse naissance (2) qui su le subjugué par l'ascendant de son caractère et de sa beauté. Bientôt elle prit en aversion le jeune Sigéric, il accabla de mauvais traitements. Sa haine se changea en fureur, lorsque ce prince, lassé de ces outrages, lui reprocha sa basse condition et l'impudeur qu'elle avait d’afficher en publique les ornements royaux de sa mère. Alors elle ne se donna plus de repos jusqu'à ce qu'elle eut poussé son époux à ordonner la mort de son fils, sous prétexte qu'il cherchait à le trahir et à s'emparer du trône.
Sigismond à la suite d'un festin dans lequel Sigéric avait bu outre mesure, le fit étrangler sur son lit par deux serviteurs (3) en 521.
Le roi effrayé par la crainte de la colère divine s'adonna dès lors à la dévotion, édifia des églises, fonda des abbayes, et ruina ses Etats pour enrichir les couvents. Il fonda ou réparera, en mémoire de Saint-Maurice, le couvent d’Agaune ou de Saint-Maurice en Valais et le dota avec une magnificence toute royale. Il est passé souvent de longues journées, prosternés au pied des autels, pleurant sa faute, et ils y prit même l'habit religieux.
Ce faible prince ne suit pas défendre son royaume contre les invasions des Francs. À la mort de Clovis, Clotilde avait excité ses fils à poursuivre sa vengeance sur le sang de Gondebaud et à venger le meurtre de leurs aïeux (4). Cette proposition fut reçue avec empressement par de jeunes princes avides d'agrandir leurs Etats. Aussitôt ils firent leurs préparatifs pour se jeter sur la Bourgogne. Sigismond chercha des secours et des alliés (5). Sentant bien qu'il ne pouvait compter sur Théodoric après la mort de Sigéric, il tourna ses vues vers Constantinople et écrivit à l'empereur Anastase une lettre dont voici quelques fragments : « ma nation fait partie du peuple qui vous reconnaît pour son souverain, et je me tiens plus honoré de servir sous vos ordres, que de régner sur elle. Mes aïeux ont toujours moins fait de cas des dignités qu'ils devaient aux ans dont il sortait que celle que leur conféraient les empereurs. Ce qu'il y a de plus flatteur pour moi dans mon titre de roi des Bourguignons, c'est que je deviens votre officier..., etc. »
Qu’il y avait loin de cette lettre à la mâle activité de Gondioc et de Gondebaud ! Aussi elle obtint ce qu'elle méritait, le ridicule titre de Patrice et le mépris de ceux qui en eurent connaissance.



1 Plancher, Histoire de la Bourgogne
2 ibid
3Chorier. – Planche, annales du Moyen Age.- D. Bouquet.- Greg de Tours.
4 Gallia Christiana. Grégoire de Tours
5 Le président Hénaud, histoire des établissements des Français


L'an 523, Childebert, Clodomir et Clotaire entrèrent en Bourgogne à la tête d'une armée formidable ; Thierry, issu d'une autre femme que Clotilde, ne prit point de part à cette expédition. Sigismond assembla ses forces et fut vaillamment secondé par son frère Godemar, guerrier plein de bravoure de résolution. La bataille s'engagea, et si j'ai de monde vaincu s'enfuit en toute hâte vers le couvent de Saint-Maurice où il se cacha parmi les moines, tandis que Godemar opérait une retraite en bon ordre et faisait si bonne contenance que les Francs n'osèrent l'attaquer.
La fuite de cet avis. À Sigismond : il fut arrêté dans le monastère qui lui servait d'asile est livré à Clodomir, qui, de concert avec ses frères, ravagea les provinces de la Bourgogne. Les francs se retirèrent chargés du butin, croyant le pays soumis, et enfermèrent dans Orléans, le roi captif avec sa femme et ses enfants (1).
Mais les Bourguignons reprennent aussitôt les armes et proclament pour Roi Godemar, frère de Sigismond.
Clodomir, à cette nouvelle, réunit ses guerriers et décide de son frère Thierry à l'accompagner. Avant que de partir pour sa nouvelle expédition, il jugea imprudent de laisser vivre Sigismond, et, malgré les prières d’Avitus, il massacra cruellement le roi avec sa femme et ses deux fils et les fit jeter dans un vieux puits à Couloumelle, près d'Orléans en 524.
Trois ans après,Vénérandus, abbé de Saint-Maurice, obtint leur corps pour les inhumés dans son monastère.
Clodomir remporta des avantages sur Godemar ; mais après une victoire, s'étant trop emporté à la poursuite des Bourguignons, il fut enveloppé par un gros d'ennemis, et périt percer de cou, à la bataille de Veseronce, près des bords du Rhône. Sa tête fut portée entrions au bout d'une lance.
Les Francs, quoique victorieux, étaient privés de leur chef ; ils se bornèrent à des ravages et rentrèrent dans leur pays.
Enfin, une troisième expédition des Francs eut lieu en 534. Childebert et Clotaire tombèrent sur les provinces bourguignonnes ; Godemar, pendant deux années, se soutint contre ; mais lorsque Thierry, au retour d'une expédition en Auvergne, eut rejoint ses deux frères, alors la fortune abandonnât tout à fait le roi de Bourgogne. Après de bataille perdue, ce roi vit la ville d'Autunr tombé au pouvoir des Francs ; désespérant de ses affaires, il s'enfuit en Espagne et l'on n'entendit plus parler de lui (2).
Toute la Bourgogne soumise, fut partagé entre les vainqueurs. Ainsi péri la monarchie des Bourguignons après avoir duré 121 ans.



1 le président Hénault.- P. Bouquet ;- Sismondi
2 annales du Moyen Âge, Fauriel.- Plancher, histoire de Bourgogne



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