lundi 29 août 2011

Histoire des Bourguignons 5

V

Aspect général de Lyon.

Les Romains avaient construit leur ville sur la colline de Fourvière ; mais elle avait été si cruellement saccagée par Sévère qu'une grande partie des habitants qui étaient à la hauteur pour venir s'établir sur les bords de la Saône et du Rhône, où déjà s'était élevé un grand nombre de constructions, à cause de l'avantage coffret pour les transports les bords des fleuves.
Lyon pris quelques splendeurs sous les rois bourguignons et le jouit d'une paix constante et le commerce qui devint actif.
La ville occupait alors toute la ligne des couteaux depuis Saint-Just jusqu'à Pierre-Scize, où Gondebaud avait fait construire un château fort. La rive droite de la Saône limite l'ancienne ville ; la nouvelle commençait à grouper ses habitations régulières autour de Saint Nizier, et occuper l'espace compris entre la place d'hétéros et les Cordeliers.
Sur la plate-forme de la colline était la ville délaissée des Césars, la ville païenne, avec le palais d'Agrippa et Auguste, tombant en ruines, montrant ses tours mutilés, ses réservoirs vides d’eau et ses jardins où croissaient de toutes parts les ronces et les orties. Non loin de là apparaissaient encore, avec un reste de magnificence, le forum de Trajan, à peu près abandonné qui, trois siècles plus tard, devait s'écrouler ; ses matériaux allaient servir aux constructions du culte chrétien. Sur le même coteau, à droite, l'amphithéâtre montrait ses débris. C'est dans cette vaste arène que les chrétiens souffrirent le martyre, sous l'empereur Sévère.
Près du rocher de Pierre-Scize, sur les bords de la Saône, était une chapelle dédiée à saint Epipode, qui attirait beaucoup de pèlerins. En descendant le cours de l'eau, on trouvait l'église Saint-Paul, dont la flèche dominait toutes les maisons voisines. L'église Saint-Laurent se trouvait vis-à-vis ; elle était séparée de la première que par une rue. Les environs de ce quartier commençaient déjà à ce peuplier de juifs attirés par le gain qu'il trouvait dans une ville commerçante et résidence royale.
Enfin, plus loin encore, en descendant la Saône, apparaissait le château du roi Gondebaud, bâti sur les bords de la rivière, à la place qu’occupe maintenant la prison de Roanne. En face était une rue habitée principalement par les nobles de la cour de Bourgogne.
La paroisse de la cour était l’église de Saint-Etienne, bâtie par saint Albin, successeur de saint Just, à l’endroit où fut depuis la cathédrale de Saint-Jean ; elle était alors la métropole de Lyon ; auparavant, ce privilège appartenait à l’église des Apôtres. Deux églises ou plutôt deux chapelles, s’étaient élevées aux côtés de Saint-Etienne ; l’une était Sainte-Croix, qui regardait le palais de Gondebaud, l’autre Saint-Jean, tournée vers la porte de Sainte-Eulalie (Saint-Georges). La chapelle Saint-Jean fut rebâtie plusieurs fois, et, par la suite des temps, elel devint si grande et si belle, qu’elle usurpa le titre de métropole de Saint-Etienne, qui l’avait vue grandir auprès d’elle.
A quelque distance de Sainte-Croix, se trouvait, vers la droite, l’église révérée de Saint-Romain ou de Saint-Pierre-le-Vieux ; elle fut bâtie par Frialdus et sa femme pour accomplir un vœu. C’était alors la cure de Lyon. Personne n’y était enseveli par respect pour le sang des martyrs qui, dit-on y coula. Une rue longue et tortueuse commençait à Saint-Etienne et allait jusqu’à la chapelle de Sainte-Eulalie, qui marquait l’extrémité de la ville sur les bords de la Saöne, à l’endroit de son confluent avec le Rhône, et en face du monastère d’Ainay.
Mais la plus belle église de Lyon était, sans contredit, l’église des Macchabées, situes sur la colline. Deux clochers s’élevaient sur un grand et beau portail. L’intérieur de l’église contenait vingt-quatre chapelles, la plupart bâties avec le marbre des monuments romains.

A une portée d’arc de l’église des Macchabées se trouvait la porte Saint-Just. C’est là que commençait la
 grande voie romaine de Marseille. Toute cette route était encore parsemée de tombeaux romains, de
 monuments en ruines, d’arcs élevés à la mémoire des morts. Parfois sur ces épitaphes on lisait le nom
célèbre d’un grand homme. Le tombeau de Syagrius, préfet du prétoire, se voyait parfaitement conservé ;
un grand arbre le protégeait de son ombre. De semblables monuments funéraires existaient aussi sur la
 voie romaine qui passait devant le rocher de Pierre6Seize ; l’un d’entre eux subsista jusqu’au quinzième
 siècle ; on le connaissait sous le nom de tombeau des Deux-Amants.
Au-delà de l’église des Macchabées, la chapelle de Saint-Irénée avait été bâtie en mémoire de ce saint ;
elle avait commencé par une crypte souterraine. Plus loin, une longue ligne d’aqueducs, constructions
gigantesques, fuyait vers l’horizon.
Lyon n’avait pas de pont sur la Saône ; le Pont-de-Pierre ne fut construit qu’au onzième siècle ; les
communications se faisaient au moyen de petites barques.
La limite de la ville au nord était un ancien canal à demi-comblé, qui allait de la Saône au Rhône,
en passant par l’emplacement de notre place des Terreaux. Il encerclait dans la ville le monastère
naissant de Saint-Pierre-les-Nonnains, et laissait hors de l'enceinte de la cité le bourg Saint-Marcel.
Sur la rive gauche de la Saône était la rue des pêcheurs, habité par les gens de cette profession.
L'édifice le plus remarquable de tout ce quartier et l'église des apôtres entourés d'un vaste cimetière.
Depuis deux siècles, on était dans l’usage d’ensevelir les morts autour des églises. La religion semblait encore veiller autour du dernier asile des bons trépassés ; le peuple superstitieux croyait que la terre leur était plus légère.
L’église des apôtres fut la plus ancienne de Lyon. Ce n’était d’abord qu’un oratoire construit pas
saint Pothin, premier évêque de la ville. Saint Nizier y fut enterré dans la suite ;  les miracles qui s’opérèrent
 sur son tombeau, firent placer l’église sous son vocable. Dans les premiers siècles du christianisme, c’était
la demeure de l’évêque et la cathédrale. Autour de l’église des Apôtres, on établit, au Moyen-Âge, une
 récluserie. C’était une sorte de prison murée, avec trois ouvertures grillées pour fenêtres. Là, s’enfermaient
vivants ceux qui voulaient passer le reste de leurs jours dans la pénitence. Une des fenêtres était toujours
 tournée vers l’église, pour y entendre la messe, les deux autres servaient aux reclus, pour recevoir la lumière
 et la nourriture que la charité des fidèles leur procurait. On trouvait de ces récluseries à Ainay, à
Saint-Sébastien, à Saint-Clair et à Saint-Pierre-le-Vieux.
Au-delà de l’église étaient des rues nouvelles, avec une place où les marchands de vins débitaient leur
 marchandise. La ville se prolongeait jusqu’à l’emplacement moderne des Cordeliers.
De tout temps il existait un pont sur le Rhône, a une portée d'arcs plus loin ; c'est ce pont que passa
l'empereur Gratien lorsqu'il alla au-devant de ceux qu'ils assassinèrent.
L'emplacement de Bellecour, les abbayes d’Ainay et de Saint-Michel était en dehors de la ville. L'abbaye
d’Ainay fut d'abord une chapelle dédiée à Sainte Blandine ; Attila la réduisit en cendres ; saint Sabin la
rebâtit et la plaça sous l'invocation de Saint-Martin de Tours. Ces prêts de cette maison religieuse que
Carétène, mère de Gondebaud, avait construit son monastère de Saint-Michel, sur le bord de la Saône ;
l'il finit ses jours.
Sur le terrain de Bellecour, on voyait, sous le roi de Bourgogne, les restes de l’Ustrinum, grand cirque qui
servait à brûler les morceaux des bûchers, pour recueillir leurs cendres. La loi ordonnait qu'il fut placé hors
 des villes. C'est dans ce lieu que furent brûlés les corps des martyrs dont les restes furent jetés dans le
 Rhône. Ce fut en mémoire de ces défenseurs de la foi que fut instituée plus tard la fête des Merveilles,
si fameuse dans les annales lyonnaises. Le cortège sortait de l'église des Apôtres pour se rendre au
monastère d’Ainay. Au retour, on jetait un taureau dans la Saône, et des hommes, montés sur de petites
barques, offraient au peuple le spectacle d'un combat avec cet animal, qu'on allait ensuite dépecer dans
 la rue Ecoche-Bœuf.

Lyon Imp.  D’Aimé Vingtrinier.

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