jeudi 8 septembre 2011

Jeanne D'Arc L’énigme (1)

Texte de Robert-Jacques Thibaud
Hormis peut-être le Masque de Fer – mais son aventure n’a pas la dimension épique de celui de la Pucelle d’Orléans. Aucune personnage de l’histoire de France n’a suscité autant d’intérêt, d’interrogations et de polémiques que la Pucelle d’Orléans tant les chroniqueurs ont emprunté aux légendes, en même temps que les légendes puisaient aux sources historiques.
Il est vrai que peu de personnes n’ont subi, en l’espace d’une courte vie, autant de métamorphose que cette jeune femme au destin tragique et exemplaire.
Une enfance familiale paysanne suivie d’un enseignement miraculeux (ou d’une initiation) dans la forêt : une activité militaire brève mais fulgurante ; le rétablissement d’un souverain dans son droit puis l’abandon de tous, jusqu’à ce que les pires ennemis du royaume de France, qu’elle a ressuscité, la conduisent sur le bûcher d’infamie. Un bûcher allumé tant par l’Inquisition que par les intellectuels de l’université de Paris, tant par les Anglo-Normands que par leurs alliés Bourguignon.
L’époque n’était guère à la courtoisie, et l’on accordait peu de crédit aux femmes, encore moins aux jeunes filles. Pourtant elle se permit de conseiller un roi et des grands du royaume, pourtant elle commanda et entraîna à sa suite une troupe de soldats tels que Olivier de Clisson, Etienne de Vignoles dit « la Mire » et Gilles de Rais, davantage réputés pour leur rudesse et leur violence de reîtres que leur délicatesse d’hommes de cour.
Enfin, et c’est le plus tragique, aucune autre héroïne – à l’exception peut-être de Marie-Antoinette – ne fut aussi ignominieusement trahie, déshonorée, condamnée par des juges iniques qui formaient pourtant l’intelligentsia de l’époque.
C’est certainement cette trahison et cet horrible supplice qui nous la rendent si proche. Réhabilitée (1455) par une Eglise qui l’avait condamnée trop rapidement quelques années plus tôt, puis finalement béatifiée le 18 avril 1909 à Rome soit au bout de 378 ans, ce qui laisse du temps à la réflexion !), Jeanne est restée longtemps dans un semi oubli dont elle n’a été tirée qu’à la faveur de mouvements nationalistes, à la fin du XIXe siècle. Elle est depuis devenue le porte-drapeau du patriotisme populaire et héroïque, et sous son oriflamme que se regroupent actuellement mouvements d’extrême-droite et intégristes catholiques.

Une histoire concrète symbolique et mystique.

Mais son mystère demeure. Parce que certains textes se contredisent, sont trop flous ou peu dignes de foi, de nombreux chercheurs ont tenté de décrypter le mythe de Jeanne d’Arc, essayant de découvrir, au-delà des récits et actes officiels, les secrets de sa naissance, ceux de sa véritable famille et l’origine exacte de l’enseignement qu’elle reçut.
De Voltaire aux historiens de notre siècle, c’est par dizaines qu’il faut compter ceux qui ont tenté d’approcher ce mystère, essayé de déchiffrer les énigmes entourant tant ses véritables origines que les motifs profonds de sa vocation.
Si les saintes voix (celles de saint Michel, sainte Catherine et sainte Madeleine)  qui lui révélaient les détails de ses missions plaisent aux amateurs de merveilleux et aux mystiques, elles laissent incrédules les historiens tout autant que les rationalistes.
Comme celle de tous les héros, l’histoire de Jeanne d’Arc est à la fois concrète, symbolique et mystique. Elle fut, au-delà des questions que son cas suscite, l’héroïne d’un grand drame national, d’une tragédie qui détermina le sort de la France pour les siècles à venir.





Le Dossier Jeanne d’Arc présenté ci-après a été réalisé par Robert-Jacques Thibaud,
Auteur de : Dictionnaire de l’art roman, Pluton, itinéraire de la vie éternelle, et de Symbolique des apôtres, de la légende dorée au zodiaque, publiés aux Editions Dervy



 Issu de "l'actualité de l'histoire mystérieuse

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