samedi 17 septembre 2011

La France du Roi-Soleil

« J’ai eu trop de goût pour la guerre. Ne m’imitez point en cela ; imitez-moi dans mes folles dépenses » : Le jugement de l’époque dans le testament de Louis XIV


Le « Soleil » se lève sur la France en la personne d’un enfant de 5 ans qui devint roi de 20 millions de sujets (à la même époque l’Espagne et l’Angleterre comptent moins de 6 millions d’habitants) Louis XIV monte sur le trône de Saint Louis au lendemain de la bataille de Rocroi (1643) et commence à régner sous la tutelle de sa mère (Anne d’Autriche) et de l’habile cardinal Mazarin. Durant la Fronde, la famille royale dut quitter Paris en toute hâte et même dormir sur  la paille ; ces événements marquèrent profondément le jeune roi et il ne pardonna jamais à ses sujets de lui avoir fait subir un tel affront. Ce n’est Qu4à 2 » ans (à la mort de Mazarin en 1661) que Louis XIV commença son fastueux, spectaculaire et lourd « métier de roi » « Désormais, c’est moi le Premier ministre » dit-il à ceux qui attendaient que le jeune roi choisit un successeur à Mazarin. Grâce à ces entreprises militaires périlleuses, de la guerre de Dévolution (contre l’Espagne, 1667 – 68) et de Hollande (1672-78) à la ligue d’Augsbourg (1686-97) et la guerre de succession espagnole (1701-14) et grâce à d’habiles négociation, il affirme l’hégémonie française sur toute l’Europe.

La vie à la cour

Le réveil du Roi-Soleil est un événement d’Etat : dans l’antichambre, les courtisans se pressent, impatients d’être admis près du roi. Pendant que le dauphin et les personnages de sang royal entrent dans la chambre pour saluer l’auguste souverain, le petit déjeuner arrive, assez simple : un peu de pain et une coupe de vin allongé d’eau. A 11H30 précises, alors que retentit : « La garde-robe, messieurs ! » les portes de la chambre s’ouvrent toutes grandes. Les courtisans entrent chargés de tâches bien précises : l’un porte le bas gauche, tendis qu’un autre prépare le bas droit ; la chaussure droite doit se trouver entre les mains d’un noble qui, à son tour, la remet à un autre noble plus titré ou de plus haut lignage ; celui-ci a l’honneur de s’incliner aux pieds du souverain et de le chausser. Tout ce cérémonial était routine quotidienne à Versailles, ce fabuleux palais, qui pouvait recevoir jusqu’à 10 000 personnes. Si tel était le réveil, il est facile d’imaginer le repas : au menu du soir, le hors d’œuvre seul comportait cent écrevisses et cent huîtres. Venaient ensuite les plats principaux : trois perdrix, deux dindes, trois poulets truffés, six tartes. Les jours maigres, scrupuleusement respectés, on servait plus de quarante poissons d’espèces variées parmi lesquels un grand brochet et un demi-saumon ; un bouillon chaud terminait le repas : deux kilo de bœuf, un chapon, deux kilo de veau et quatre livres de mouton servaient à sa préparation. La fameuse sauce béchamelle était en outre l’orgueil de la cuisine royale. Sont inventeur (Louis de Béchamel, marquis de Nointel était banquier mais il avait tellement envie de vivre à Versailles qu’il s’était fait nommer maître d’hôtel du Roi-Soleil.

Les favorites

L’étiquette rigide, la somptuosité des costumes, l’accent mis sur les aspects extérieurs de la vie, « non pas l’homme honnête, mais l’homme digne d’honneurs » : tels étaient les soucis dominants de l’époque. Le concubinage et l’adultère faisaient partie de l’ordinaire. Louis XIV consacra plusieurs heures par jour pendant de nombreuses années aux charmes d’une demoiselle d’honneur : Louise de la Vallière ; mais la favorite par excellence fut la marquise de Montespan ; pendant plus de dix ans (1667 – 1679) elle égayera les journées du souverain. Pour l’éducation des huit fils que l’avenante marquise lui donna, il fallait une gouvernante, on choisit Françoise d’Aubigné, qui devint ensuite marquise de Maintenon, célèbre pour sa dévotion religieuse. Celle-ci, malgré son extrême réserve et ses mœurs austères, attira bien vite l’attention du roi. Il l’épousa en secret en 1684, après la mort de la reine. Il avait 46 ans, elle en avait presque 50. a son contact, il devint dévot et plus tard bigot, pendant les dernières années de son règne.

Divertissement et fêtes

Le Carrousel de 1662 est resté célèbre dans l’histoire comme l’exemple le plus significatif des fêtes spectaculaires qui se déroulaient à Paris sur la place qui fait face au Louvre.  Une foule énorme y assistait ; le roi en personne y participait. Vêtu en empereur romain, l’auguste souverain trônait sur son cheval richement harnaché et resplendissait dans son costume d’argent brodé d’or et recouvert de pierres précieuses. Les Plaisirs de l’île enchantée organisés à Versailles en 1664 en l’honneur, semble-t-il de la favorite Louise de la Vallière, furent encore plus somptueux. Tout au long d’une semaine, le parc du palais offrit toutes les ressources de ses décors magnifiques. On récita des comédies de Molière, on joua des musiques de Lulli et on dansa la nuit à la lumière de milliers de lanternes vénitiennes. De merveilleux feux d’artifice couronnèrent le tout. Au Grand Divertissement royal de Versailles en 1668, après la paix d’Aix-la-Chapelle, on dépensa 500 000livres tournois, 18 millions de nos francs actuels (2,5 millions d’€uro)

Bourgeoisie et vie citadine.
Le souverain choisit ses ministres, ses intendants, ses ambassadeurs, ses écrivains, dans les rangs de la bourgeoisie. Colbert lui-même, bras droit du toi, est fils d’un drapier de Reims. Une jeune bourgeoise « avec 100 000 livres de dot, écrivait Furetière, peut aspirer à un vrai marquis, à un surintendant, à un duc ou à un pair. » Les 1. 500 000 habitants de Paris marchaient dans des rues boueuses ; pour leur entretien, les taxes étaient très élevées. La ville était éclairée de 5.000 lanternes, mais sortir la nuit était dangereux : il était fréquent qu’un citoyen fut tué sur le Pont-Neuf, sur les berges de la Seine ou près de la foire de Saint-Germain par quelque malfaiteur. Un corps de police de 500 hommes, avec à sa tête le lieutenant de La Reynie, s’efforçait en vain de supprimer la délinquance. De nouveaux édifices et monuments s’élevaient ; on commençait les Champs-Élysées, le jardin des Tuileries devenait public ; la place Vendôme et les Invalides naissaient. L’instruction publique par contre était négligée : les étudiants menaient une vie misérable et devaient se défendre, comme ils le disaient, « des onze P : pédants, peines, peur, punitions, prison, pauvreté, petites portions, poux, puces, punaises. »

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