vendredi 23 septembre 2011

Les blasons et la significations des couleurs (3)

Le sable
Le sable désigne le noir. Il convient de remarquer que les significations attribuées en Europe à la couleur noire trouvaient leur origine dans la symbolique égyptienne. « Kemit », la Noire, était l’un des noms de l’Egypte et le hiéroglyphe qui l’exprime graphiquement montre un scribe reprenant le feu qui s’éteint en rentrant à l’intérieur de la terre.
La racine KM signifie achever, terminer un cycle, et par conséquent, annonce un nouveau commencement. Kamephis transmet la connaissance à Isis au moment où il la gratifie du don du Noir parfait. Le noir est la mort joyeuse de l’homme qui meurt face à son ancien monde et qui, après une pause et une étape d’indifférenciation, renaîtra comme un Etre de lumière, totalement débarrassé de ses chaînes.
Dans  la Bible, la beauté du noir est célébrée dans le Cantique des Cantiques : « Je suis noire, mais je suis belle » dit la  Sulamite. Matrice de la force universelle, le noir est l’Athanor où se prépare la création de demain.

Le pourpre
Le pourpre désigne le violet. Il désigne à la fois la couleur et le coquillage dont on tire la teinture. Il désigne le pouvoir suprême car cette teinte était réservée, dans l’Empire Romain, aux empereurs. « Prendre le pourpre » signifiait devenir empereur.
En l’homme, cette couleur est le signe d’une harmonie indissoluble entre la pensée et l’action, l’intelligence et les sentiments.

Le vair

Ce mot vient du latin « värina », de plusieurs couleurs. Il signifie moucheté ou tacheté. L’homme qui porte le vair (noir et blanc) est face à un choix ; soit il demeure à la surface de sa propre existence et ne se meut qu’horizontalement, soit il se dépasse et s’approfondit, il se meut alors verticalement. S’il choisit cette direction, il évoluera. Il peut donc évoluer s’il le désire. Il est qualifié mais n’a pas décidé encore.
Le vair exprime la dualité arbitraire entre l’esprit et la matière. Le non initié perçoit l’opposition. L’initié perçoit la complémentarité.

L’hermine

Désigne le blanc immaculé. Deux reines de France avaient adopté l’hermine comme symbole : Anne de Bretagne, épouse de Louis XII et sa fille, Claude de France. Pour Guy de Tervarent  (Attributs et Symboles dans l’art profane 1450-1600, Genève 1958) ce symbole avait un double sens : l’hermine de Bretagne est le symbole de la « pureté ».
L’interprétation est confirmée par la devise du roi de Naples, Ferdinand 1er (1423-1494) qui accompagne la représentation d’une hermine dans un cercle de boue : « Je préfère la mort à la souillure »
Le symbolisme de l’hermine est ancien. On lit dans les traités de symbolique des animaux : « Si l’hermine tombe dans une ornière, elle s’en trouve paralysée et meurt ».
L’ornière représente les déviations de la vie par rapport au principe divin.
La vérité est une voie, mais nombreux sont les chemins de traverse et innombrables sont les possibilités de la nier. Tomber dans l’ornière, c’est succomber aux erreurs, s’abandonner à la facilité, à la vulgarité, se laisser submerger par des soucis matériels, négliger l’essentiel : l’Esprit.
L’hermine est aussi la parcelle impérissable qui subsiste dans la conscience de chacun. Le plus ignorant, le plus vulgaire, le plus abject des hommes possède, quelque part, une hermine qui, un jour, peut-être, se manifestera.
La fourrure de l’hermine ornait les dignitaires de l’Eglise, de l’Etat et de l’Université et rappelait la pureté morale qui doit les caractériser, sous peine de graves désordres. Malheur à ceux qui ne respectaient pas les signes dont ils se paraient ! et malheur à ceux qui leur gardaient leur confiance.
L’hermine n’aime que les eaux limpides et la nature fleurie. Elle préfère mourir plutôt que toucher la boue. Elle incarne la noblesse des sentiments. L’hermine rappelle la finalité de l’existence.

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